AccueilHaste makes waste [James - Léna]
Haste makes waste
Ce soir-là, Léna était surexcitée… comme une adolescente faisant le mur ce qui n’était pas si loin de la vérité au final. Sauf qu’elle était adulte maintenant et qu’elle n’était pas sortie à l’insu de ses parents mais de son frère. Et même si elle s’en voulait un peu de lui jouer ce tour, elle savait aussi qu’il ne l’aurait jamais laissée sortir sans avoir rencontré la personne qu’elle devait retrouver ou pire en décidant de l’accompagner. Et plus que tout, elle voulait se faire des amis. Et danser, chose qu’elle savait ne pas être vraiment du goût de son frère, elle n’était pas dupe. Elle avait donc fini par se convaincre que c’était pour ne pas imposer une corvée à son frère ou une ride d’inquiétude en plus qu’elle n’avait rien dit. Il n’était pas encore rentré du travail mais elle avait joué la comédie pour le personnel, juste au cas où. Elle avait fait semblant d’aller se coucher, s’était alors préparée et avait glissé des coussins sous ses draps comme elle avait si souvent vu faire dans les films, avant de filer en douce, chaussures à la main, pour rejoindre le taxi qu’elle avait commandé un peu plus loin dans la rue. Elle avait la sensation d’être une espionne en mission et sincèrement, ça la faisait bien marrer. Elle n’avait jamais fait de conneries jusque là, toujours bien suivi les règles et cette liberté nouvelle lui donnait des ailes. Elle grimpa donc rapidement dans la voiture et donna une adresse en centre ville où elle devait retrouver Adrian, un étudiant qu’elle avait rencontré en cours d’économie et qui l’avait invitée à une soirée dont il connaissait les organisateurs, si elle avait bien compris.
Et il était bien là, comme convenu à l’attendre. Léna parla rapidement au chauffeur, le priant de l’attendre quelques minutes avant de se tourner vers son camarade. Elle lui fit la bise en souriant.
“On a besoin du taxi ou je peux lui dire de filer ?”
“Il peut filer, c’est juste dans la rue à côté.”
Elle paya donc le chauffeur et le congédia puis suivit le jeune homme. Il n’avait pas menti, la boîte de nuit n’était pas très loin et il donna le mot de passe qui leur permit d’entrer aussitôt. Il était encore relativement tôt mais c’était déjà blindé de monde. La musique était entraînante quoiqu’un peu forte au goût de Léna mais ce n’était pas ce qui allait l’empêcher de s’amuser, ça non. Elle mourait déjà d’envie de danser. Adrian la conduisit vers le bar et la laissa consulter la carte des boissons pendant qu’il commandait ce que lui voulait. Et quand elle releva les yeux, décidée à être raisonnable en prenant un jus d’orange, plus de trace du brun. Elle finit par le voir du coin de l’oeil saluer un pote à lui puis il disparut dans la foule. Pour le coup, Léna était un peu dépitée. Certes, elle comprenait qu’il veuille voir ses amis mais quel était l’intérêt de l’inviter si c’était pour la laisser en plan comme une vieille chaussette ? Elle commanda sa boisson pour se donner une contenance mais elle se sentait paumée tout à coup, regrettait même de s’être échappée de la maison. Ca non, elle n’avait clairement pas imaginée son début de soirée comme ça mais, optimiste dans l’âme, elle était bien décidée à attendre un peu pour voir si les choses allaient s’arranger pour elle.
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Alors il est là, à boire des verres, à jouer à des jeux d’alcool stupides avec des amis, des connaissances, des inconnus. A rire avec eux, à danser avec eux, à prendre de tout avec eux. Pour un temps. Ah tiens, Adrian était là. Ca faisait longtemps. Il se lève, dans l’optique d’aller le saluer, de revenir ensuite, avant que son regard ne passe du jeune homme à la jeune femme à son bras, et que son souffle se coupe un peu. Alors il se rassoit, doucement. « Les gars, c’est qui, elle ? » Des « aucune idée » et des « Adrian a une meuf ? » lui répondent, et il lève les yeux au ciel en reprenant son observation de la forme féminine, avec ses longs cheveux qui ont l’air si doux, son visage parfaitement proportionné, son corps de rêve. Et quand il comprend que son cavalier ne reviendrait pas, il sourit légèrement, boit un dernier verre le temps de la laisser se sentir seule, en surveillant pour que personne ne vole sa place, puis se relève pour la rejoindre.
Une fois proche d’elle, il s’arrête, juste le temps de vérifier que le montant d’alcool dans son sang n’est pas trop élevé, que la drogue n’est pas visible, qu’il est présentable, puis il s’accoude au bar à côté d’elle en s’asseyant à la place libre à sa droite. Un sourire. Un seul sourire, simple, gentil, presque timide. « Adrian est vraiment un mauvais pote, hein ? J’le connais pas beaucoup mais laisser une fille toute seule au bar comme ça, ça se fait pas. Tu veux que je te tienne compagnie ? » Son sourire ne le quitte pas, alors qu’il se tourne sur sa chaise juste assez pour être tourné totalement vers elle, la mettre au centre de son attention, ignorer le monde autour. « Je m’appelle James. T’en fais pas, j’suis pas un lourd qui va te faire du rentre dedans sous prétexte que t’es jolie. Promis. C’est ton mec, Adrian ? J’savais pas qu’il était en couple. » Dans le pire des cas, une infidélité est très vite arrivée. Parce qu’elle est devenue son nouveau but de la soirée. Le strip club, ses amis, les autres personnes, tout ça n’a plus d’importance. Elle est définitivement la plus jolie créature de la pièce. Alors elle sera à lui, au moins ce soir. Dans cette idée, il lui vole la carte des boissons des mains avec un sourire amusé, et rit doucement. « J’t’offre un verre, d’accord ? Ce que tu veux, mais avec au moins un peu d’alcool. T’es venue pour t’amuser, non ? Je ferai attention à ce que t’abuses pas si t’es pas habituée et que personne t’embête. Deal ? » Il ne lâchera pas l’affaire, il le sait déjà, alors qu’il joue le jeune homme bien sous tous rapports. Elle en vaut largement le coup, un coup d’œil suffit à le deviner. Il ne se doute pas encore que les choses s’avèreront bien plus difficiles qu’avec une autre fille. Qu’elle est spéciale, unique. Un vrai défi.
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Aussi optimiste que Léna puisse être, les minutes s’égrainaient et elle commençait à trouver le temps vraiment long. Elle s'était fait plein de plans dans la tête pour la soirée mais aucun ne comprenait de rester seule au bar à attendre elle ne savait trop quoi. Elle était censée s'amuser, rencontrer des gens, se faire des amis et au lieu de ça, elle sirotait son verre de jus d'orange non par soif mais juste pour avoir l'air occupée et surtout, naturelle. Elle avait l'impression d'être une potiche laissée dans un coin, merci Adrian. Le pire, c'est qu'il n'avait même pas dit s'il allait revenir et c'était lui qui l'avait invitée, elle avait rien demandée. Du coup, elle ne comprenait pas. Avait-elle dit ou fait quelque chose de mal ? Pourtant, ils étaient restés ensemble quoi, dix minutes ? A tout cassé. Et si elle n'était pas partie en catimini de la maison, elle aurait fini par prendre son téléphone pour demander à Pablo de venir la chercher. Sauf qu'elle ne pouvait pas et vu l'heure, si elle optait pour la solution "taxi", elle risquait bien de tomber nez-à-nez avec son aîné. Autant dire qu'il valait mieux qu'elle prenne son mal en patience pour au moins une bonne heure et ensuite, il serait temps de voir ce qu'elle pouvait bien faire.
Elle allait se saisir de son téléphone - à défaut d'appeler, elle pouvait au moins envoyer des sms à Nastya pour lui raconter ce début de soirée - quand elle vit un mouvement à côté d'elle. Elle tourna la tête et c'est à ce moment-là qu'elle le vit. Il avait un visage d'ange, un sourire timide à tomber et, elle ne rêvait pas, c'était bien à elle qu'il parlait ? Elle hésita un moment, tournant la tête de l'autre côté pour s'assurer qu'il ne s'adressait pas à une personne derrière mais non. Il n'en avait sûrement pas conscience mais il apparaissait comme son sauveur de soirée. Elle lui sourit donc, timidement à son tour.
"Moi c'est Léna. Et non, non... on est juste en cours ensemble. Des copains quoi. Enfin, je crois. Je veux dire pour le côté copain hein, je suis sûre qu'on n'est pas ensemble." répondit-elle en rougissant à l'idée qu'on l'avait prise pour la copine d'Adrian et en bafouillant tant le regard du blond la déstabilisait.
Voilà que ça la reprenait... Être le centre d'intérêt du jeune homme l'intimidait alors elle vomissait un flot de paroles sans intérêt. Elle avait l'impression d'être revenu sur les bancs du lycée quand elle essayait, sans grand succès, d'attirer l'attention des plus populaires. Ce côté-là d'elle-même l'agaçait parfois, souvent même mais c'était plus fort qu'elle et elle échappa un soupir avant de sentir que la carte des boissons s'échappait de ses mains. Gros dilemme... elle n'avait vraiment pas prévu de boire ce soir-là mais James était tellement gentil et prévenant avec elle, elle n'avait pas envie de le décevoir. Ni même de le voir partir parce qu'il la jugeait bien trop ennuyeuse, ce qui risquait d'arriver. Léna savait bien qu'elle n'était pas le genre de filles autour desquelles gravitaient les garçons. Entre sa famille très protectrice, sa maladie et sa façon d'être différente des autres, ça aidait que rarement. Elle hocha donc la tête, sans grande assurance mais en souriant toujours, avant de répondre :
"Une margarita alors, s'il te plait. Tu viens souvent ici ? Ça te dit d'aller danser ?"
En attendant que sa boisson arrive, ça lui paraissait une bonne idée. Surtout qu'elle n'attendait que ça depuis qu'elle avait mis les pieds dans la boîte de nuit. Après tout, c'était bien le but que de venir dans ce genre d'endroit non ? Elle ne pourrait pas danser très longtemps, et surtout pas après avoir bu, donc c'était le moment ou jamais d'en profiter. Et pour ne rien gâcher, avec un tel cavalier, elle était sûre que ce serait parfait.
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Son sourire s’étend un peu plus quand elle reprend la parole, et il acquiesce vivement. « J’aime bien cet endroit, il a une ambiance sympa, pas trop prise de tête. Et j’ai cru que tu ne le demanderais jamais, chérie. » Il se penche un peu par-dessus le bar, pour appeler le serveur, commander leurs verres, avant de prendre la main de la jeune femme du bout des doigts pour l’emmener vers la piste de danse, en parlant plus fort pour se faire entendre par-dessus le bruit ambiant. « Désolé, je suis un peu trop vite familier, « chérie » c’était peut être un peu trop. Détend-toi, d’accord ? Je te ferai pas de mal, et crois-moi, personne ici n’est du genre à juger les gens. Personne ne nous regarde, tu vois ? On est tous venus pour s’amuser. » Et la plupart des gens sont aussi venus pour ne pas rentrer seuls, lui compris, mais ça, elle n’a probablement pas besoin de le savoir. Et après tout, jouer à séduire quelqu’un est tout aussi amusant que ce qu’il s’était imaginé pour le reste de sa nuit. Alors il relâche sa main une fois qu’ils sont au milieu des gens, danse avec elle, laisse la musique les guider, admire sa manière de se mouvoir, rit doucement quand il se rend compte qu’il fait n’importe quoi, se reprend, murmure que le ridicule ne tue pas à sa nouvelle rencontre, lui reprend la main pour la faire tourner sur elle-même quand le rythme l’y autorise, et finit par juste profiter de la vue qu’elle lui offre, des contacts qu’ils ont, des sensations que la situation provoque, du sentiment qu’il s’amuse, vraiment, purement, presque comme un enfant, avec elle.
Et quand la musique est terminée, il lui fait signe d’attendre en posant un rapide baiser sur sa joue, part chercher les deux verres qui les attendent sur le bar, et revient pour lui mettre sa margarita dans les mains. « Là. On devrait juste se décaler à peine de la foule pour éviter de renverser tout ce qu’on a, mais sinon, comme ça, on peut continuer de danser si tu veux, et aller s’asseoir quand t’es fatiguée ou que t’en as marre. Enfin, si tu veux toujours de moi après tout ça. » Un nouveau rire plus timide lui échappe, et il pose à peine sa main dans son dos pour la guider avec lui vers le côté de la piste de danse, là où les gens vident leurs verres en dansant, là où la musique résonne moins fort et autorise les gens à avoir des conversations. « Et te sens obligée de rien, hein. Si t’aimes pas boire tu peux arrêter après ce verre, en soi, c’était juste pour t’aider à te détendre. Tu viens d’où, du coup ? Je crois pas t’avoir déjà vue, je pense que je m’en souviendrai, quand même. T’es nouvelle ou juste casanière ? » Il trempe ses lèvres dans son verre avec un petit sourire chaleureux, une petite étincelle amusée dans le regard, l’admire toujours, sans pouvoir s’en empêcher, parce que merde, elle est belle. « Pardon j’suis peut être indiscret. Tu peux me dire de la fermer hein, si tu veux. » Il laisse une distance entre eux, pas assez grande pour qu’il ait besoin de crier pour se faire entendre, mais assez pour ne pas s’imposer dans son espace de confort à elle. Parce qu’il ne faudrait pas qu’elle ait envie de fuir, non plus. Parce qu’il n’a aucune envie de la laisser partir, maintenant.
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Finalement, le départ d'Adrian était une réelle bénédiction. Bien sûr, Léna comptait lui dire le fond de sa pensée sur son comportement à l'opposé de celui d'un gentleman quand elle le reverrait, il l'avait lâchée comme une vieille chaussette et n'était même plus dans son champ de vision, bien trop occupé à on ne savait trop quoi, mais elle reconnaissait volontiers qu'elle n'aurait certainement pas rencontré James dans d'autres circonstances et ç'aurait été fort dommage. Il était charmant, prévenant sans s'imposer, attentif à ce qu'elle ne se sente pas mal à l'aise et qu'elle passe une bonne soirée. En bref, le prince charmant tel qu'elle se l'imaginait. Un type bien sans nul doute. Et ce qu'il pouvait être mignon ! Elle aimait jusqu'à son accent, bien que consciente que c'était plutôt elle, ici, qui faisait figure d'exception avec le sien. C'était même surprenant qu'il n'ait pas deviné qu'elle était avant tout californienne mais peut-être le bruit ambiant n'aidait-il pas. Elle frissonna quand elle l'entendit l'appeler « chérie » piquant un fard bien plus impressionnant que lorsqu'il avait cru qu'elle était en couple avec Adrian mais elle ne pouvait pas nier que, loin de s'en offusquer, ça lui plaisait. Mais elle était aussi bien trop consciente du fait qu'elle s'enflammait toujours trop vite. Ses amies de San Diego lui avaient souvent fait la remarque, Pablo n'avait de cesse de lui dire d'être plus prudente alors, pour une fois, elle essayait de garder une certaine mesure. Ce qui ne l'empêchait pas de vouloir s'amuser et, déjà, d'espérer revoir le jeune homme après cette soirée. Elle le laissa donc se saisir de sa main et la guider vers la piste de danse. Elle en mourait d'envie et afficha un immense sourire, radieux alors qu'elle commençait déjà à se dandiner au rythme de la musique.
"Non, non, ça va. C'est pas comme si t'étais le genre de gars à draguer lourdement donc y'a pas de problème." finit-elle par lui dire pour qu'il ne se sente pas gêné du qualificatif qu'il venait de lui donner. D'autant que c'était carrément flatteur. Tout comme l'intérêt qu'il avait pour elle alors qu'il y avait, tout autour d'eux, des filles bien plus jolies et bien plus sûres d'elle qu'elle ne l'était et ne le serait sûrement jamais.
Une fois les premiers pas de danse faits, elle se détendit aussitôt. La musique et le rythme avaient toujours eu cet effet sur elle. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait espéré pouvoir en faire son métier. Et elle était en bonne compagnie ce qui lui évitait les rencontres fâcheuses que l'on pouvait faire en boîte de nuit. Avec James près d'elle, aucun homme ne se faisait pressant et c'était vraiment agréable. Elle se sentait en sécurité, tournoyant sur elle-même sans se préoccuper du reste si ce n'est de la présence, électrique, du blond. Elle rit, heureuse, appréciant les courts contacts et rigola de plus belle à sa remarque sur le ridicule. Elle, elle le trouvait tout sauf ridicule, elle était déjà envoûtée par son charme et finit même par passer ses bras autour de son cou lorsque la musique se fit un peu plus lente. Avec tout ça, elle commençait à sentir ses muscles se raidir mais elle s'amusait tellement qu'elle n'avait pas envie d'y mettre fin. Pas encore. Et c'est la musique qui vint à sa rescousse, une nouvelle fois. Une coupure de quelques secondes… Son partenaire en profita pour aller chercher leurs verres et elle y trempa aussitôt les lèvres, assoiffée, avant d'en avaler une grande gorgée.
"Je veux bien qu'on aille s'asseoir, si ça te dérange pas. Je suis pas très endurante." rajouta-t-elle sur le ton de l'excuse.
Timidement, elle lui prit la main et l'emmena vers les sièges qui n'étaient pas loin d'eux. Une façon bien à elle de lui signifier que non, elle ne le lassait pas de lui. Il n'y avait pas beaucoup de place, ils allaient devoir se serrer mais peu importe. Pas comme si elle avait le choix de toute façon, il lui fallait vraiment s'asseoir au risque de se mettre à trembler, ce qui gâcherait toute la soirée et ferait sûrement fuir son chevalier servant. Sauf qu'elle n'osait pas déranger les gens qui étaient déjà installés et qui, pour l'heure prenait toute la place. Bon, au moins, si elle sentait ses jambes lâcher, elle pourrait toujours se poser sur un petit bout de fauteuil, l'air de rien. Ça pourrait passer, elle en était certaine. En attendant, discuter avec James et faire plus ample connaissance, ça lui plaisait. D'autant que la longue gorgée de margarita qu'elle avait bue commençait à faire son effet. Elle avait chaud, très chaud tout à coup et se sentait légèrement euphorique. Suffisamment en tout cas pour qu'elle perde un peu de sa timidité. Un peu seulement mais c'était déjà mieux que rien.
"Je viens de Californie. Je suis arrivée y'a quelques mois et je connais pas encore grand monde alors je sors pas beaucoup. Toute seule, tu comprends, j'ose pas trop."
Sans compter que Pablo ne la laisserait jamais sortir seule mais ça, elle se passa bien de le préciser.
"Et toi, tu es né ici ? Tu es étudiant ?"
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Ses yeux ne la quittent jamais longtemps alors qu’elle danse, parcourant chaque courbe de son corps, la regardant entrer en contact total avec la musique, tournoyer, se mouvoir, rire. Elle est belle. Vraiment, purement belle. Et pendant quelques secondes, il hésite même à laisser tomber son jeu pour la toucher, pour l’embrasser, pour voir si ses mouvements parfait sont aussi indicateurs que son cerveau ne veut bien le croire. Au lieu de ça, c’est elle qui s’approche, qui passe ses bras autour de son cou, et alors qu’il sourit presque timidement en passant ses bras autour de sa taille pour suivre ses mouvements, il sent son cœur accélérer au contact plus sensuel qu’elle a créé sans probablement s’en rendre compte. C’est tout le problème de la naïveté, après tout. Elle est touchante, mais provocante sans le vouloir, et il use de tout son self control pour ne pas bouger ses mains d’un centimètre, pour ne pas approcher son visage plus que nécessaire, pour ne pas craquer aussi bêtement. Alors il fuit, juste un peu, quand il n’arrive plus vraiment à penser clairement.
Son sourire s’agrandit alors qu’il secoue la tête en réponse, et il se laisse guider en entrelaçant ses doigts aux siens comme une victoire. « Y’a pas de soucis, faut pas que tu t’épuises non plus hein, c’est le début de la soirée. » Mais un regard vers les places assises suffisent pour comprendre qu’elles sont toutes occupées, et alors qu’il prend la décision de dégager tous ceux présents le plus discrètement possible, elle rouvre la bouche et l’interrompt dans le fil de ses pensées. Oh, c’était donc ça, l’accent. « Oui, c’est normal. C’est toujours un peu triste tout seul. » Une petite voix amusée dans sa tête lui murmure qu’il sort presque toujours seul, et il retient un nouveau rire pour détourner un peu le regard avec un petit sourire. « Et puis j’pense que t’es trop jolie pour sortir toute seule. C’est con à dire mais ce serait probablement une mauvaise idée. » Elle pose une question, et il acquiesce avant de lever le doigt pour lui faire signe d’attendre, et d’aller couper une conversation le plus doucement possible entre un couple pour leur murmurer suffisamment fort pour qu’ils l’entendent mais pas assez pour que Léna ne se doute de quoique ce soit un « Je suis James Gray, cassez vous, on veut s’asseoir. Vite. », en souriant toujours, doucement, pour avoir l’air de demander les choses poliment. Et quand ils se lèvent, il vient reprendre la main de Léna pour l’entraîner avec lui et la laisser s’asseoir en prenant place à ses côtés. Voilà une bonne chose de faite.
« Voilà, pardon. J’aime pas trop rester debout dans ces trucs, on se fait toujours bousculer. Et ils allaient au bar, donc ça tombait bien. Donc oui. Né ici, grandi ici, et j’mourrais probablement ici aussi. C’est sympa, comme ville. Je pourrais te la faire visiter, si tu veux, si t’as pas encore eu le temps. Je connais pleins d’endroits magnifiques qui sont cachés, et les endroits qui font les meilleures glaces. Avoue que ça se refuse pas. » Il se décale à peine, pour éviter que leurs jambes ne se touchent, pour ne pas imposer un contact. Et pour éviter aussi qu’elle ne remarque si elle se mettait à bouger face au manque de mouvements. Puis il se reprend, au dernier moment de nouveau, pour ne pas descendre son verre d’une traite, laisser la gorgée lui brûler la gorge, et il lui sourit de nouveau. « J’suis étudiant en animation. Enfin genre, en dessin d’animation, quoi. Pour pouvoir faire des dessins animés, plus tard. Parce que je suis un gros gamin, il paraît. » Son rire s’élève plus sincèrement, et il tripote son verre en plantant son regard dans le sien. Putain, qu’elle était belle. Que sa peau avait l’air douce. « Et toi ? T’es étudiante, aussi ? Tu veux faire quoi, plus tard ? »
Curieux. Il se montrait curieux. Ca collait au personnage, après tout. Et pour le coup, apprendre à la connaître lui plaisait vraiment, comme jeu. Vous savez ce qu’on dit. Il faut connaître ses victimes pour les attraper. Le savoir, c’est le pouvoir.
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Léna se sentait vraiment chanceuse ce soir-là. OK, ce n'était pas gagné quand Adrian l'avait laissée en plan mais comment se morfondre de la situation quand on voyait à quel point James se pliait en quatre pour qu'elle passe la meilleure soirée possible. Il était charmant et la jeune femme sentait déjà des papillons dans son ventre à chaque fois qu'il la regardait, quand sa main frôlait la sienne, quand elle sentait le moindre contact entre eux, aussi léger soit-il. Oui, elle s'était promis quelques minutes plus tôt de ne pas s'enflammer mais James était tellement adorable, prévenant, beau que c'était bien difficile de s'en tenir à ses résolutions. Et, de toute façon, ne serait-ce pas stupide de se préserver de celui qui pouvait peut-être être le bon ? La jeune femme avait beau le connaître depuis très peu de temps, elle se sentait bien avec lui alors pourquoi ne pas simplement se fier à son instinct ? Et bien sûr, l'alcool qu'elle venait de boire n'y était absolument pour rien dans son raisonnement. Hmm, le principal était bien d'y croire, nan ? Elle se sentait tellement bien avec la tête qui tournait juste très légèrement, elle la posa même un court instant sur l'épaule du jeune homme avant de se reprendre en rougissant. Elle n'assumait pas vraiment de prendre les devants. En tout cas, pas sans avoir bu et là, elle n'avait pas encore assez siroté son cocktail pour se sentir parfaitement à l'aise dans ce rôle. Elle se posa avec soulagement sur le fauteuil que son chevalier servant venait de libérer pour elle et avala une énorme gorgée de sa boisson. Surtout pour se donner le temps de reprendre un peu contenance plus que par réelle soif. Elle avait peur de paraître godiche, de le faire fuir. Lui aussi semblait timide et elle n'était pas une experte dans l'art de la drague, c'était le moins qu'on puisse dire. En Californie, elle sortait toujours avec le même groupe d'amis, qui savaient parfaitement qu'elle était malade et ça ne facilitait pas les flirts. Autant dire qu'elle avait bon avoir vingt ans, elle était aussi expérimentée qu'une adolescente dans le domaine.
"Oh oui, j'adorerai visiter avec toi. Mais t'es sûr que ça t'embête pas ? Je veux dire, tu dois avoir un tas d'autres choses à faire, des amis à voir, tout ça."
Imaginer un seul instant que le jeune homme voulait passer du temps avec elle, juste elle, elle ne l'imaginait même pas. Même si elle l'espérait sincèrement et ça devait se ressentir dans sa voix. A être trop couvée par sa famille, à passer du temps dans les hôpitaux, elle en avait perdu toute confiance en elle et elle craignait de s'imaginer des choses. Pourtant, elle avait l'impression de plaire au blond mais ce n'était certainement qu'un espoir fou.
"Et j'avoue, je ne peux pas résister à une glace. Surtout si elle est au chocolat." reprit-elle avec un grand sourire.
Étudiant en animation. Ouah, ça devait être génial et elle en avait les yeux qui brillaient. Faire des dessins animés, c'était vraiment un boulot qu'elle trouve top. Ça permettait de faire rêver autant les gamins que les plus grands et ça devait vraiment être passionnant. Et sûrement moins prise de tête que le travail pour lequel elle se destinait mais aider sa famille, c'est ce qu'elle voulait plus que tout alors elle ne regrettait aucunement ses choix. Elle se sentit de nouveau rougir alors qu'elle soutenait le regard de James et finit par détourner les yeux pour boire une nouvelle gorgée. Elle avait l'impression d'être un livre ouvert et dévoiler les sentiments qu'elle sentait naître en elle, y'avait pas besoin d'être une experte en relations humaines pour savoir que ce n'était pas une bonne idée. Elle ne voulait vraiment pas faire fuir le jeune homme. Oh ça non. Ce n'était pourtant pas prudent de boire autant aussi vite mais, pour l'heure, elle s'en foutait royalement. Elle passait une bonne soirée, se sentait en sécurité et voulait juste être une jeune femme comme les autres, profitant de sa jeunesse pour faire la fête.
"J'étudie le commerce international. Et j'aimerai bien travailler dans l'entreprise familiale plus tard mais ça ne va pas être simple. C'est le business des hommes, dixit mon père et mes frères mais ils finiront bien par se rendre compte que je peux être utile. Que je suis pas idiote."
L'alcool la rendait clairement plus bavarde qu'à son habitude. Non qu'elle n'était pas une pipelette ceci dit mais parler de sa famille dès la première rencontre, c'était pas le genre de choses qu'elle faisait en temps normal. Surtout pour des sujets aussi pompeux que l'entreprise familiale. Enfin, c'était fait, impossible de revenir en arrière et elle se faisait l'effet d'être ennuyeuse à côté des projets du blond qui lui, ferait rêver les gens avec ses créations. Elle s'était rapprochée un peu plus de lui, parce qu'avec la musique des lieux, c'était plus facile pour discuter. En tout cas, c'était l'excuse toute trouvée mais, au fond d'elle, Léna savait qu'elle appréciait surtout cette promiscuité avec James. Elle aurait même aimé qu'il la prenne dans ses bras, qu'il l'emmène danser de nouveau même si c'était tout sauf raisonnable. Elle finit par saisir sa main en souriant, encore plus timide qu'elle ne l'était un instant avant et en espérant que sa gaucherie n'allait pas le lasser avant même que la soirée ne se termine.
"Oh mais du coup, tu es à la Victoria University ou c'est dans une autre école que tu étudies ?"
Après tout, il connaissait Adrian alors peut-être qu'ils étudiaient tous au même endroit ? Et dans ce cas-là, ça voudrait dire qu'ils pourraient facilement se revoir, ce qui arracha un sourire à Léna alors que son cœur s'affolait à cette pensée.
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